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Les auteurs & les autrices

Stéphanie Dupays :

Un puma dans le cœur (L'Olivier)

La version officielle de l’histoire familiale veut que l’arrière-grand-mère de l’auteure soit « morte de chagrin, le cœur brisé » en 1920, après avoir perdu ses deux fils et son mari à la guerre. Seule survivante, sa fille de 8 ans a alors été placée à l’orphelinat. 

Consulté pour des recherches généalogiques, l’état civil affirme qu’elle est morte en 1963, a donc survécu à son mari un peu plus de quarante ans, enfermée dans un asile. Folle de chagrin mais pas tout à fait morte, et même animée d’une envie de vivre, de travailler, d’écrire – ce qu’elle exprime dans des poèmes, une correspondance avec les autorités administratives et médicales de l’hôpital où elle est internée et où les nécessités d’une enquête professionnelle conduisent Stéphanie Dupays. 

Sa grand-mère dont elle était si proche a-t-elle cru à la fiction de la mort maternelle ou a-t-elle été frappée de déni ? L’auteure mène l’enquête, pour briser le silence, le pire des linceuls, ce poison des familles, et redonner voix et vie à son aïeule, Anne Décimus, fille du soleil, qui a un puma dans le cœur, et dont elle a peut-être hérité le goût pour l’écriture. Elle lui redonne sa place et la situe aussi dans l’histoire de la psychiatrie, ses expérimentations, ses tâtonnements, ses avancées. Sobre, profond, et émouvant. 

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© Patrice Normand

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© HBamberger

Christine Montalbetti :

Le Relais des amis (POL)

Avec audace et un plaisir contagieux, Christine Montalvetti nous embarque dans une drôle de farandole. Tout commence avec Simon, écrivain en panne d’inspiration, qu’on ne remerciera jamais assez d’aller faire un tour au café Le Relais des amis – formidable poste d’observation. Entre Gégé le patron et Tatiana la serveuse, on dirait que le courant passe,

« il pourrait y avoir du roman dans l’air ». Mais voilà Frédo et Mathieu qui entrent, le temps de boire un verre et repartent,

et on les suit sans qu’ils s’en aperçoivent et sans savoir où ils vont. D’ailleurs, on les quitte devant la vitrine d’une agence immobilière où Lorette s’apprête à emmener Fabien visiter

un appartement. On se glisse à l’arrière de la voiture où l’on perçoit  une sensation presque conjugale entre ces deux-là… 

Vous comprenez le principe ? Le Relais des amis est un passage de relais entre des êtres qui se croisent sans se voir, une course autour du monde en quelques heures, joyeuse et joueuse. Un roman de rencontres, de bifurcations, de surprises, qui semble s’inventer au gré de la fantaisie de l’auteure qui réussit même à faire parler des mégots de cigarettes. Elle nous donne à voir des instantanés de vie, autant de microfictions qui pourraient servir de point de départ à d’autres fictions… Et nous offre une littérature en mouvement, libre d’imaginer tous les possibles. 

 

SÉLECTION PRIX ANNE TÉNÉS 2024

Véronique Ovaldé :

Fille en colère sur un banc de pierre (Flammarion)

Aïda revient à Iazza à la mort de son père, patriarche sévère qui vibrait au son des opéras de Verdi au point de donner à ses quatre filles les prénoms des héroïnes verdiennes : Violetta, Gilda, Aïda et Mimi. 

Aïda était sa préférée, jusqu’au drame : un soir qu’elle rejoint en cachette la fête du village, Mimi, la benjamine, la supplie de l’accompagner… mais disparait soudain, et ne reviendra pas. Que s’est-il passé ? 

Tenue pour responsable, Aïda quittera l’île pour vivre à Palerme, laissant derrière elle une famille qui l’accuse, engluée dans le drame et le chagrin. 

Après des années d’absence, les retrouvailles familiales réservent des surprises. Tout a changé et pourtant rien ne bouge. C’est pourtant l’occasion pour Aïda de se remémorer le passé et de reconstruire l’histoire. 

On ne dévoilera rien du dénouement de cette tragédie familiale où Véronique Ovaldé déploie tout son talent de conteuse et revient aux thèmes lui sont chers : la famille, les rivalités, les clans, le patriarcat, l’enfermement, l’acceptation résignée ou le désir de s’en échapper… On lit son beau roman avec passion, sans pouvoir le quitter, aimantées par le personnage d’Aïda, fille en colère qui conquiert sa liberté comme une revanche. 

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Pascal Ito © Flammarion

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© Sandrine Cellard

Fanny Wallendorf :

Jusqu'au prodige (Finitude)

Ca pourrait commencer par « Il était une fois Thérèse… », toute jeune adolescente, pendant l’Occupation, captive du Chasseur qui la séquestre pour s’occuper des animaux rares qu’il capture – rêvant d’ajouter à ses trophées le prodige, un renard noir rare. Thérèse qui réussit à s’enfuir, dans l’idée de retrouver son frère Jean, dont la guerre l’a séparée et qui est parti rejoindre le maquis. Trois jours et trois nuits dans la vie de Thérèse, dans la forêt du Vercors bruissant de dangers réels ou fantasmés, où les rencontres sont autant de possibilités de s’affranchir… 

Un conte où la nature hostile tout autant que protectrice tient une place essentielle. Où le bruit de fond de la guerre distille une violence continue. Où les animaux et les hommes sont pareillement menés par leurs instincts.

Un récit d’émancipation où la jeune héroïne réussit à surmonter les obstacles et à s’affranchir de tout ce qui tend à l’enfermer – même le lien à son frère tant aimé.

Au fil d’un court roman, d’une écriture dense, Fanny Wallendorf dresse le portrait d’une résistante portée par sa seule force de vie.

Bonheur de découvrir une auteure qu’on ne connaissait pas encore dont la voix nous poursuit. 

SÉLECTION PRIX ANNE TÉNÉS 2024

Alain Jomy :

Kurt Weill en France 

(Editions Nuvis, Coll Concerto)

Le 23 mars 1933, Hitler reçoit les pleins pouvoirs. Deux jours plus tôt, Kurt Weill est arrivé à Paris. Il n’y est pas inconnu, loin s’en faut. L’Opéra de quatre sous, dont Brecht a écrit le livret, a déjà été joué en France où il a de nombreux admirateurs et quelques amis. Jean Renoir et René Clair notamment, cinéastes avec lesquels il rêve de travailler car Weill souhaite désormais composer pour le cinéma. 

Hélas, les deux ans et demi qu’il passe en France sont une suite de déceptions, de projets indéfiniment reportés, de rendez-vous ratés… et rien ne se passe comme il l’avait imaginé. En septembre 1935, il part à Broadway pour quelque temps, et restera aux Etats-Unis où il connaîtra tout le succès qu’il mérite. 

Lui-même compositeur de musiques de films, documentariste, écrivain, Alain Jomy a choisi de s’intéresser à deux années particulières dans la vie de Kurt Weill, une période charnière dans la vie d’un compositeur dont le succès ne se dément pas.

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© Alma éditeur

© PH. Matsas

Gilles Marchand :

Le Soldat désaccordé (Aux forges de Vulcain)

Blessé sur les bords de Marne dès 1914, amputé d’une main et relégué à l’approvisionnement, à la fin de la guerre, le narrateur devient enquêteur, afin de retrouver les disparus, de réhabiliter certains soldats… Une femme le charge de retrouver son fils, persuadée que bien que porté disparu à Verdun, il est encore vivant. L’enquête met à jour une histoire d’amour fou qui a perduré malgré les obstacles, l’horreur, les séparations… et qui envahit peu à peu l’esprit du narrateur. 

Gilles Marchand est un excellent conteur, capable de faire surgir la lumière, la poésie et la douceur dans le chaos et le carnage. Au fil des livres, il fait entendre une voix singulière, chaude d’humanité. Son Soldat désaccordé ne cesse de recevoir des Prix : Prix des libraires, Prix Eugène Dabit du roman populiste et aussi Prix Naissance d’une œuvre qui dit bien qu’un talent est en train d’éclore, celui d’un écrivain qui se bonifie au fil des livres. 

© Vincent Muller

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